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2.2 Les supports de contenu

2.2.1 Mode analogique : Support vidéo

 

La vidéo analogique est un format qui peut être bon marché, mais en raison de la façon dont l’information ou les signaux sont traités, ce support est enclin à l'instabilité. Philippe Bellaïche décrit le signal analogique comme étant « […] un signal dont la valeur varie avec le temps de manière continue. Il est sujet à la distorsion lors de son traitement et est souvent dégradé par une composante de bruit venant s’ajouter à lui au cours de son enregistrement ou de sa diffusion [1].» Cela signifie que le signal analogique présente l’important désavantage d’être très fragile; lors de chaque lecture ou traitement, une composante de bruit parasite vient inévitablement se superposer au signal utile pour altérer sa qualité. De plus, les circuits dédiés étant incapables de travailler de manière parfaitement linéaire, l’information est toujours un peu modifiée par une distorsion lors du traitement du signal. Le signal est stocké sur un support bande magnétique, qui est lui-même sujet à une détérioration induite par les conditions de son entreposage et les effets du temps. Réunies, toutes ces contingences ne font que s’amplifier de génération en génération en affaiblissant très vite la qualité du signal lorsque sont cumulées plusieurs copies de bandes consécutives.

 

En règle générale, aussi bien pour la vidéo analogique que pour la numérique, plus la bande magnétique d’une cassette est large, plus elle résiste aux froissements et autres bris matériels.

 

Le support VHS est un système analogique destiné à un usage domestique. Ce support vidéo a été largement utilisé pour l'art vidéo dans les années 1980 et est encore utilisé pour les copies de visionnement [2]. Le support VHS n'a pas été conçu pour avoir une longue durée de vie. D'autres formats analogiques professionnels tels que Betacam SP (1987) ont été conçus pour donner une image de très bonne qualité et peuvent même être utilisés comme format d’archivage. Le Hi-8 (1989) est le format analogique le plus récent.

 

VHS et S-VHS

 

Cassette VHS

Les lecteurs de cassette et enregistreurs VHS sont encore utilisés, principalement pour un usage domestique. Toutefois, l'usage est en déclin à cause d'une distribution généralisée de films grand public sur DVD. Le S-VHS (Super-VHS) donne une image de qualité supérieure au VHS standard et présente d'autres avantages techniques : les cassettes VHS peuvent être lues par les lecteurs S-VHS, mais les bandes enregistrées en S-VHS ne peuvent pas être lues par des lecteurs VHS standard. Les utilisateurs peuvent également choisir plusieurs vitesses pour l'enregistrement sur les cassettes. Essentiellement, le S-VHS est une amélioration du VHS; la bande passante passe de 3 à 5 MHz en augmentant ainsi la résolution horizontale à 400 lignes (250 pour le VHS). De plus, contrairement au VHS, la chrominance et la luminance sont traitées séparément. Le VHS, utilisé initialement comme un format de caméra (bande maîtresse) par les artistes, a par la suite été utilisé pour la distribution (copies de visionnement). En art et dans le domaine de l'éducation, ce format a été largement supplanté par la vidéo numérique dans les années 1990. [3]

 

Puisque la VHS est en usage en Amérique du Nord depuis 1977, on peut retrouver des cassettes qui datent de plus de 25 ans, ou des cassettes relativement plus récentes. La détermination de l'âge de la cassette aide au jugement de son état. Les actions de conservation devraient tenir compte de l'âge et de l'état de la cassette. Pour les bandes plus âgées, la migration vers des formats plus récents apparaît inévitable. Un nettoyage peut être nécessaire avant le transfert. Il serait judicieux, lors de la migration d’une VHS standard, d’utiliser un magnétoscope S-VHS pour le transfert puisque ce dernier profite d’une sortie S-vidéo (contrairement aux VHS qui n’ont qu’une sortie composite). La sortie S-vidéo véhicule les signaux C (chrominance) et Y (luminance) séparément, alors que la sortie composite les mélange, assurant ainsi un transfert plus conforme à l’original [4].

 

8 mm (vidéo 8) et Hi8

 

Cassette Hi8

Le format 8 mm (1985) est une réponse de Sony au VHS; il permet par la petite taille de sa cassette d’être utilisé facilement dans des caméscopes plus compacts. Le format Hi8 (1989) a été largement utilisé dans les années 1990, mais il est aujourd’hui obsolète [5]. On peut par contre encore trouver des cassettes Hi8 sur le marché. La qualité générale et relative du 8 mm est semblable au VHS, alors que celle du Hi8 est semblable au S-VHS [6]. Techniquement, le bond technologique entre le 8 mm et le Hi8 est similaire à celui entre le VHS et le S-VHS [7]. Le format Hi8 peut également être lu par un lecteur Digital 8 plus récent. Toutefois, les formats numériques (tels que MiniDV) ont gagné une grande partie du marché du Hi8. Comme le format 8 mm, le Hi8 a été développé pour le marché grand public. L'utilisation du format Hi8 dans les marchés industriels et éducatifs a diminué pour être peu à peu remplacée par les formats numériques grand public qui gagnent en popularité. Toutefois, ce format a été très populaire auprès des artistes pendant la majeure partie des années 1990. Le faible coût du format Hi8, en comparaison aux formats numériques, a certainement contribué à sa popularité.

 

Les cassettes Hi8 sont fabriquées à partir de bandes minces qui sont soumises à l'étirement. Les bandes plus courtes – 30 et 60 minutes – sont plus résistantes que les bandes plus longues [8]. Les utilisateurs ont rapporté des dropouts (perte de signal) peu après le premier enregistrement [9]. Les cassettes dont les bandes profitent de la technologie de métal évaporé (Metal Evaporated tape) présentent des problèmes de durabilité [10]. Bien que ce format soit relativement récent, il est fragile et ne semble pas avoir une durée de vie très longue. La migration vers des formats plus récents est donc recommandée dès que possible. De la même manière que pour le couple VHS/S-VHS, il est préférable de migrer les cassettes 8 mm avec un magnétoscope Hi8, puisque ce dernier profite d’une sortie S-vidéo qui sépare les signaux de chrominance et de luminance.

 

Vidéodisque (disque laser)

 

Videodisque et DVD

Le vidéodisque est le seul format analogique utilisant une technologie de lecture optique, comme pour le DVD et le CD. Les artistes l’ont utilisé même s’il n’offre pas de possibilité d’enregistrement. Toutefois, durant les années 1980 et 1990, ce format a fait une incursion dans le milieu muséal en tant que copie d’exposition. Le vidéodisque était, avant l’arrivée du DVD, un bon format pour les mises en vue de l’œuvre, puisqu’il ne s’expose pas à l’usure lors de la lecture, quoique sa surface soit fragile et sensible à l’égratignure. Comme il est obsolète et qu’on lui connait des problèmes de délaminage de la couche d’oxyde métallique, il est recommandé de migrer le vidéodisque vers d’autres formats.

 

L’œuvre Royal Canadian Mounted Police (1989) de Nam June Paik, est présentée à l’aide d’un support vidéodisque. Le support ne pose pas de problème pour l’instant, mais quand il ne sera plus possible de l’utiliser, l’œuvre sera présentée avec un DVD.

 

Betacam et Betacam SP

 

Cassette VHS

Les formats Betacam (1983) et Betacam SP (1987) [11] ont été développés pour la diffusion industrielle et éducative, et les marchés professionnels. Le Betacam SP, qui est une évolution du Betacam, a été la norme de diffusion dans l’industrie de la télévision pendant plus d’une quinzaine d’années [12]. Le Betacam SP a aussi été utilisé comme bande maîtresse par les producteurs commerciaux et indépendants, ainsi que par les artistes. Il a été utilisé comme format d'exposition par les artistes, et comme format de collection pour les distributeurs de médias indépendants. Le Betacam SP a aussi été utilisé pour faire des copies de préservation.

 

Même après le passage au numérique dans le domaine de la diffusion, Sony a continué de commercialiser ses magnétoscopes Betacam SP jusqu’à récemment [13]. Les cassettes Betacam peuvent être lues par des lecteurs de Betacam SP, mais les bandes enregistrées sur Betacam SP ne peuvent pas être lues par un lecteur de Betacam standard. Aussi, la plupart des lecteurs plus récents de la famille Betacam, tels les lecteurs de Betacam numérique, peuvent lire les bandes Betacam SP. La cassette Betacam se décline en deux formats : une grande (L) et une plus petite (S). Les caméras acceptent les cassettes S alors que les magnétoscopes lisent les formats S et L.

 

Les formats et les lecteurs Betacam sont de conception matérielle très robuste, et à ce jour il est toujours possible d’assurer leur maintenance car l’industrie de la télévision en fait encore usage. Toutefois, la Betacam présente le même risque de perte de signal en raison de la fragilité du support matériel lui-même. L'obsolescence du format Betacam n’est pas problématique aussi longtemps que les lecteurs plus récents tels que les magnétoscopes Betacam numériques offrent la rétrocompatibilité avec les formats Betacam analogique. Par la qualité d’image qu’il présente et par sa robustesse, on peut considérer le format Betacam SP comme le meilleur format analogique.

 


[1] Philippe Bellaïche, Les secrets de l’image vidéo, Paris, Éditions Eyrolles, 2007, p.214.

[2] Keep Moving Images. Preservation information for artists working with the moving image, "Video: Formats", http://kmi.lux.org.uk/video/formats.htm.

[3] Mona Jimenez et Liss Platt, Videotape Identification and Assessment Guide, http://www.arts.state.tx.us/video/pdf/video.pdf.

[4] Le câble S-vidéo exploite les signaux de luminance (Y) et de chrominance (C) séparément. Dans le mode composite, les signaux sont transmis en étant mélangés l’un à l’autre, ce qui occasionne souvent des problèmes d’intermodulation et des interférences, ce qui arrive rarement avec le S-vidéo.

[5] Sony, "Hi8", http://www.sony.fr/product/sdh-hi-8.

[6] Le format Hi8 est légèrement de meilleure qualité que le format S-VHS.

[7] À l’instar des formats VHS et S-VHS, le format Hi-8 est une amélioration de la technologie 8 mm.

[8] Mona Jimenez et Liss Platt, Videotape Identification and Assessment Guide, op.cit., p.21.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Philippe Bellaïche, Les secrets de l’image vidéo, op.cit., p.357-358.

[12] Sony, "Betacam SP", http://www.sony.fr/biz/view/ShowProductCategory.action?site=biz_fr_FR&category=VPM+Betacam+SP.

[13] Mona Jimenez et Liss Platt, Videotape Identification and Assessment Guide, op.cit., p.18.