2.3 Les équipements technologiques

2.3.2 Le projecteur à diapositives

Le cas du projecteur de diapositives dans le cadre de l’œuvre Tlön de Christine Davis est très représentatif de la résistance de l’artiste au remplacement d’un composant technologique. Cette résistance est due à la particularité du rendu de ce type de projecteur ainsi qu’à son ancrage historique par rapport à l’évolution des technologies (moment historique précis où les deux technologies analogique et numérique se chevauchent). Ce cas illustre bien un des défis que les conservateurs et restaurateurs devront aborder.

En 2008, Richard Gagnier et Émilie Boudrias du comité des études de cas en restauration/conservation de DOCAM ont mené une entrevue avec l’artiste au sujet de cette œuvre. Pendant l’entrevue, Davis a précisé le modèle exact du projecteur de diapositives pour l’exposition de Tlön – le KODAK EKTAPRO. Ce modèle est le seul type de projecteur de diapositives capable de faire fonctionner le programme informatique de fondus enchaînés. Le MBAM possède actuellement deux de ces projecteurs en voie d’obsolescence, puisque leur production a cessé en 2004. Ils sont clairement attribués à l’usage strict de l’œuvre. Le musée cherche à en acheter deux de plus qui serviraient de remplacement.

La stratégie adoptée est donc l’achat et l’entreposage de projecteurs de diapositives identiques aux originaux. Le principal avantage de cette stratégie est qu’elle maintient intactes l’authenticité et l’intégrité de l’œuvre – ses composants et ses modes d’opération ne changent pas. Mais dans les cas de Tlön, cette approche est problématique du fait que l’industrie a cessé la production du matériel à remplacer (projecteur à diapositives). Acheter sur le marché de l’usagé est le seul moyen de se procurer du matériel en vue de remplacer celui en usage ou en vue de l’entreposage. Le principal désavantage du stockage de matériaux désuets est que l’œuvre périra lorsque ces matériaux éphémères cesseront de fonctionner et que leur entretien ne sera plus assuré.