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Entretien audio avec Anne-Marie Zeppetelli, Musée d’art contemporain de Montréal

Octobre 2009

Anne-Marie Zeppetelli, archiviste des collections

 

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Anne-Marie Zeppetelli est archiviste des collections au Musée d’art contemporain de Montréal. Elle a notamment collaboré au projet « Art numérique » piloté par le Réseau canadien d’information sur le patrimoine, puis, fait partie du comité Structure de catalogage de l’Alliance de recherche DOCAM, de 2005 à 2010.

 

Le Musée d’art contemporain de Montréal (MACM) dispose d’une collection importante d’œuvres de nouveaux médias. L’intégration de ce type d’œuvres dans la collection du MACM a-t-elle soulevé des questions en termes de catalogage, de documentation et de saisie des données?

En effet. On peut dire que la réflexion sur les difficultés engendrées par la venue des œuvres de nouveaux médias a débuté avant le projet Documentation et conservation du patrimoine des arts médiatiques (DOCAM). Le problème est en quelque sorte apparu avec l’acquisition d’installations non technologiques, formées de plus d’un élément, et produites avec des techniques et des matériaux variés. La plupart du temps, la norme voulait qu’une œuvre consiste en un seul élément, soit à un seul enregistrement comme pour la majorité des œuvres enregistrées dans la base de données. Il aurait été possible de traiter chaque élément d’une œuvre comme une œuvre individuelle, mais nous avons plutôt choisi de concentrer les données d’une œuvre et de ses éléments à l’intérieur d’un enregistrement unique. Précisons qu’à l’époque, le MACM utilisait un logiciel de gestion non relationnel, le logiciel Paris du Réseau canadien d’information sur le patrimoine, qui permettait toutefois de saisir plusieurs éléments dans un enregistrement en séparant les entrées par des points-virgules.

 

Est-ce que certaines œuvres ont provoqué une réflexion concernant les méthodes de saisie?

Oui. Pensons, par exemple, aux œuvres conceptuelles qui consistent seulement d’un simple plan de montage, sans objet physique à inventorier et à conserver en réserve, ou bien aux œuvres éphémères qui se décomposent avec le temps. Les œuvres de nouveaux médias repoussent, quant à elles, les limites de nos pratiques. Heureusement, l’évolution technologique permet aux nouvelles versions des logiciels de gestion des collections de gérer, d’intégrer et de lier une documentation plus complexe et variée, qui facilite l’enregistrement des données au répertoire central des collections.

 

Le Musée arrive-t-il à respecter ses pratiques de catalogage déjà en place pour la documentation des œuvres de nouveaux médias?

Les œuvres de nouveaux médias s’intègrent à la collection du MACM au début des années 90. Lors de leur catalogage, il était difficile de reconnaître et de nommer leurs composants ou encore de savoir comment procéder à leur installation. La production de ces œuvres dépassait notre compréhension des médiums et des techniques utilisés dans les pratiques artistiques courantes en art contemporain. En comparaison avec d’autres œuvres de notre collection, ces œuvres perturbaient nos façons de faire et notre pratique standard en matière de documentation. La question était de savoir de quelle façon nous allions traduire dans un contenant plutôt rigide des œuvres beaucoup plus complexes. La nécessité d’établir une liste détaillée de tous les composants ou des équipements et d’avoir un cahier de montage et de démontage s’imposait, que ce soit pour la conservation de l’œuvre, son installation ou bien pour les prêts entre les institutions. Au fil des années, l’expérience nous a démontré qu’il est important de maintenir à jour les informations sur les composants dans la base de gestion des collections. Il est aussi essentiel de bien documenter l’intention de l’artiste, le concept technologique de l’œuvre et d’avoir une compréhension globale de la technologie utilisée pour la produire.

 

Cinq œuvres du MACM ont fait l’objet d’études de cas aux fins des travaux du comité Structure de catalogage DOCAM. De quelle façon avez-vous procédé à l’intégration et à la mise en relation des informations pour ces œuvres de nouveaux médias dans votre base de données?

Bien sûr, il est important que les informations essentielles soient versées dans la base de gestion des collections. Une fiche descriptive est donc créée dans la base comme pour les autres œuvres de la collection. L’usage de zones de saisie plus adaptées comme des descriptions iconographique, technique ou de l’installation, telles que proposées dans le guide de catalogage, exige un simple ajustement. D’ailleurs, ces zones existent déjà ou correspondent à des zones similaires dans la plupart des logiciels de gestion des collections courants, ce qui permet de conserver une certaine uniformité avec les pratiques documentaires déjà en place. Le défi était de trouver un moyen de conserver et d’organiser l’information dont nous avions besoin pour gérer adéquatement les œuvres de nouveaux médias comme l’information sur les composants et l’évolution technologique de l’œuvre, sur l’intention de l’artiste, sur les spécificités du montage et du démontage, etc. Nous avons adopté une approche différente afin de mettre en relation toute cette information en créant une deuxième fiche technique externe à la base de données du Musée. Il est intéressant de mentionner que cette fiche n’a pas été pensée exclusivement en fonction de notre logiciel. Utilisant simplement Word, nous avons élaboré une fiche interactive, c’est-à-dire une fiche d’information détaillée qui intègre des liens vers d’autres documents externes essentiels à la compréhension, à la conservation et à la présentation de l’œuvre. À titre d’exemple, on peut établir des liens visuels vers les images de chacun des composants d’une œuvre ainsi que vers les images numérisées des plans d’installation et celles prises lors de son montage et de son démontage. Nous y avons également intégré la vidéo de l’entretien avec l’artiste et celle du tournage de l’installation de l’œuvre.

 

Voir la fiche interactive sur Générique d’Alexandre Castonguay

 

Quels avantages le Musée trouve-t-il à cette approche de mise en relation des informations?

En fait, nous trouvons plusieurs avantages à utiliser une fiche interactive externe à la base de gestion des collections. Pour nous, cette fiche respecte la spécificité des œuvres de nouveaux médias, puisqu’elle assure un dynamisme et une interrelation entre les différents éléments d’information qui y sont consignés. La fiche interactive a été conçue pour les professionnels qui travaillent avec ce type d’œuvres et qui n’ont pas nécessairement accès à l’ensemble de la base. Conservée à part en réseau, mais liée à la base de données, elle empêche le dédoublement de l’information et l’alourdissement du système. Elle favorise le partage des fichiers et dispense les conservateurs ou les techniciens de connaître entièrement le fonctionnement de la base. Facile d’application, la fiche technique permet une plus grande accessibilité à l’information de l’œuvre. Enfin, soulignons que ces stratégies sont basées sur l’utilisation et la diffusion actuelle de la documentation des œuvres de la collection du Musée, en considérant le potentiel du système de gestion de l’information en place qui servira l’institution pour d’autres années à venir.