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Entretien audio avec Geneviève Saulnier, Musée des beaux-arts du Canada

Novembre 2009

Geneviève Saulnier, restauratrice de l’art contemporain

 

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Geneviève Saulnier est restauratrice de l’art contemporain au Musée des beaux-arts du Canada. Depuis 2007, elle fait partie du Comité Structure de catalogage de l’Alliance de recherche DOCAM. Elle partage ici avec nous les réflexions de Sonya Dumais, Gestionnaire à la documentation, Gestion des collections, au Musée. Tout récemment, Sonya a ajouté à la base de données sur les collections des renseignements provenant des études de cas conduites par le comité de recherche sur deux œuvres du Musée.

 

Le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) dispose d’une collection importante d’œuvres de nouveaux médias. L’intégration de ce type d’œuvres dans la collection du Musée a-t-elle soulevé des questions en termes de catalogage, de documentation et de saisie de données?

Au cours des dernières années, nous avons vu une importante augmentation, au sein de nos collections, d’œuvres de nouveaux médias, qui sont réalisées par des artistes contemporains canadiens, mais aussi internationaux. Cela inclut notamment l’acquisition de plusieurs générations de dérivés numériques pour des œuvres déjà dans la collection, ce qui a posé des défis uniques et complexes, tant sur le plan de la documentation que sur celui de la saisie de données.

 

Ces défis ont effectivement accéléré l’élaboration et la mise en œuvre de nouvelles politiques et procédures pour mieux gérer l’ensemble des processus de catalogage et de saisie de données dans le système de gestion des collections. Parmi les questions importantes à résoudre et les défis majeurs à relever au moment d’élaborer de meilleures politiques et procédures, citons notamment les suivants :

 

• Comment regrouper et consigner toutes les spécifications techniques pour documenter les composants et l’installation de l’œuvre de nouveaux médias?

• Comment, au fil du temps, documenter l’acquisition de plusieurs générations de dérivés numériques d’œuvres déjà intégrées à la collection?

• Comment cataloguer et trier les générations de dérivés comme le type de format, par exemple?

• Comment effectuer un suivi efficace de ces dérivés, séparément de l’œuvre, sachant que les dérivés peuvent circuler indépendamment de la copie maîtresse de l’œuvre originale (ex. : lorsqu’on produit une copie dérivée du DVD aux fins d’exposition)?

• Comment chercher et récupérer facilement l’information dans la base de données pour satisfaire à d’importantes exigences opérationnelles comme les vérifications de contrôle sur la collection et les projets de préservation?

• Comment contrôler et consigner l’information à propos des accessoires (ex. : appareils de lecture) proposés ou requis pour la présentation d’une œuvre de nouveaux médias (ce qui comprend les renseignements concernant leur éventuelle obsolescence)?

 

Ces questions importantes et bien d’autres encore ont eu une influence sur la direction prise par le Musée pour mieux gérer sa collection d’œuvres de nouveaux médias, et elles continueront à le faire.

 

Est-ce que certaines œuvres ont provoqué une réflexion concernant les méthodes de saisie?

Absolument. L’acquisition d’œuvres d’art créées à partir de matériaux nouveaux et peu courants pour notre collection, a nécessité une adaptation de nos habitudes de catalogage. Je vous donne deux exemples : Notes sur la lumière (1969-1970) de Gar Smith, qui contient 1200 diapositives couleur et 3 bandes sonores et Untitled Slidelength de Michael Snow, qui contient 80 diapositives couleur. Ces deux œuvres ont posé des problèmes en ce qui concerne la conservation et les copies d’exposition. Elles ont été achetées au début des années 1970.

 

Plus tard, nous avons dû faire face à des problèmes liés à des composants électroniques et à du mobilier physique interchangeable. La salle du conseil, créée en 1987 par Muntadas, l’illustre parfaitement avec ses 13 photographies encadrées, ses 13 moniteurs vidéo, ses 13 bandes-vidéo en noir et blanc, ses 13 magnétoscopes, ses câbles, ainsi que son mobilier de salle de conseil d’administration.

 

Le Musée arrive-t-il à respecter ses pratiques de catalogage déjà en place pour la documentation des œuvres de nouveaux médias?

En 2005, le MBAC a adopté une démarche provisoire pour le catalogage d’œuvres de nouveaux médias, de leurs dérivés et des équipements connexes.

 

Lorsqu’on achète une œuvre de nouveaux médias, de nouvelles fiches sont créées dans le module Acquisition et dans le fichier Autorité Objet du système de gestion des collections. La fiche descriptive comprendra des renseignements sur le format original (c’est à dire le format d’origine dans lequel l’objet a été acquis, que ce soit un achat ou un don); des renseignements sur l’équipement connexe ou les formats dérivés qui font partie de l’acquisition au moment de l’achat seront, par ailleurs, saisis en tant que parties composantes dans la fiche sur l’objet.

 

Lorsque les dérivés de l’œuvre sont acquis ultérieurement, qu’ils soient achetés ou produits à l’interne, ils sont catalogués comme parties composantes dans la fiche de catalogage originale et une seconde fiche Acquisition est aussi créée pour y consigner les données relatives à la date d’achat ultérieure, au prix, à la provenance, ainsi de suite.

 

Des normes sont également en place en ce qui concerne le format standardisé utilisé pour numéroter les dérivés et décrire les formats. Par exemple, l’identification des dérivés comprendrait le numéro d’identification de l’objet, suivi d’un numéro séquentiel de reproduction.

 

L’emplacement des équipements connexes et des dérivés peut être précisé afin de pouvoir les suivre, indépendamment de ceux de la copie maîtresse de l’œuvre originale. Les données relatives à la destruction ou à l’élimination des dérivés ou des équipements connexes peuvent également être consignées.

 

L’intégration des renseignements sur l’équipement et sur les formats dérivés dans le fichier sur les parties composantes comporte plusieurs avantages non négligeables. Premièrement, les données sont cherchables et peuvent être récupérées au moyen d’une recherche avancée; elles peuvent aussi servir à divers projets de préservation. Deuxièmement, c’est facile d’effectuer un suivi de l’ensemble des dérivés et du matériel connexe lors des opérations de vérification de contrôle. Enfin, cette façon de faire permet d’identifier les œuvres les plus à risque et d’établir les objectifs de conservation préventive à long terme.

 

Si la démarche actuelle s’est révélée efficace, le plus gros défi que doit relever le Musée est de coordonner la communication entre les conservateurs, les restaurateurs, les techniciens multimédias et le personnel à la gestion des collections. Si de nouveaux équipements sont acquis en dehors du processus d’acquisition régulier, par exemple, lors d’un projet de restauration, les données pertinentes doivent être fournies pour être intégrées au système de gestion des collections.

 

Deux œuvres du Musée des beaux-arts du Canada ont fait l’objet d’études de cas aux fins des travaux du comité Structure de catalogage DOCAM. De quelle façon avez-vous procédé à l’intégration mais aussi à la mise en relation des informations pour ces œuvres de nouveaux médias dans votre base de données?

Le Musée des beaux-arts du Canada utilise les résultats de DOCAM dans un projet pilote qui vise à élaborer un modèle de documentation des données sur la restauration. Une fiche prototype pour chaque œuvre qui faisait partie du projet DOCAM a été intégrée au module État de conservation dans le système de gestion des collections. La fiche contient des données essentielles sur l’état de l’œuvre, notamment :

 

• l’état général;

• la date d’examen de l’objet;

• la personne-ressource principale;

• l’objectif de l’examen;

• un bref aperçu des recommandations.

 

Une fois la fiche créée dans le système de gestion des collections, il a ensuite été possible d’y intégrer les documents numériques connexes. Par exemple, le rapport final produit pour le projet de DOCAM a été relié à la fiche État de conservation pour permettre aux utilisateurs du système de consulter le rapport détaillé.

 

Quels avantages le Musée trouve-t-il à cette approche de mise en relation des informations?

L’avantage principal de relier ces données au système central de gestion des collections est que cela contribue à la connaissance de l’historique de l’objet en plus de donner un aperçu de son état présent et de préciser ce qui est nécessaire pour son installation à long terme.

 

En ajoutant les données dans les deux modules, fichier Objet et fichier État de conservation, les fiches deviennent une ressource importante à échanger et à laquelle peuvent se référer les autres employés du Musée.

 

Jusqu’à maintenant, le MBAC n’a pas encore utilisé le module État de conservation du système de gestion des collections. Comme on l’a mentionné à la réponse précédente, les deux études de cas effectuées pour le projet DOCAM ont permis l’essai du module, pour déterminer la façon la plus appropriée d’y effectuer la saisie complète des données recueillies. L’association des données saisies dans la section principale de la fiche et des liens vers les autres documents numériques s’est avérée la méthode la plus efficace pour avoir un aperçu du sommaire de l’étude et pour en connaître les détails simultanément. Le projet pilote s’inscrira dans une initiative plus importante qui vise le déploiement complet des modules État de conservation et Restauration du système de gestion des collections du Musée.