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La minute de vérité, Daniel Dion (avec la collaboration de Su Schnee)

 

Daniel Dion, La minute de vérité

Daniel Dion, La minute de vérité
Daniel Dion (avec la collaboration de Su Schnee), La minute de vérité, 1991, Installation vidéographique, Musée des beaux-arts de Montréal. Vue de l'installation. Photo © 1999, MBAM.
Daniel Dion, La minute de vérité, 1991. Détail des composants : lecteur Sony GV-300 et extrait de la bande vidéo.

 

L’œuvre La minute de vérité (1991) a été acquise par le MBAM en 1999. Une bande vidéo de 100 secondes est diffusée sur un écran portatif accroché au mur. Un peu comme un mantra, l’œuvre consiste en une phrase répétée plusieurs fois qui accompagne les images de progression ayant la nature comme point de départ, et le destin de l’humanité comme conclusion.

 

Il existe une différence notable entre la première mise en exposition de l’œuvre et celle d’aujourd’hui. Au départ, la vidéo sur bande 8 mm était jouée directement par un appareil Sony (GV-300) accroché au mur et alimenté électriquement par des piles rechargeables. Après son acquisition, c’est un lecteur externe dissimulé qui jouait la bande, et le réseau électrique normal alimentait l’appareil. Quelques années plus tard, l’écran portatif original a cessé de fonctionner. Parce qu’il n’était plus possible de se procurer l’appareil Sony sur le marché, il a été remplacé par un modèle proposé par l’artiste, un Casio (EV-670).

 

Daniel Dion, La minute de vérité

Daniel Dion (avec la collaboration de Su Schnee), La minute de vérité, 1991, Installation vidéographique, Musée des beaux-arts de Montréal. Détail des composants : lecteur Casio EV-670 et extrait de la bande vidéo. Photo © 2008, DOCAM.

 

Premier problème : la préservation de l’appareil à vue

Pour mener à bien la conservation de l’œuvre, le restaurateur doit idéalement comprendre l’importance conceptuelle, historique, esthétique et fonctionnelle des appareils inclus dans l’œuvre. Pour l’aider à identifier les éléments associés à ces critères, un entretien avec l’artiste peut être souhaité. Lors d’une entrevue filmée menée entre autres pour cette étude, l’artiste a affirmé l’importance conceptuelle d’un appareil autonome (autonomie effective ou suggérée). Il a discuté de « légèreté » des écrans portatifs par rapport aux équipements de diffusion vidéo de l’époque. Enfin, si l’apparence de l’objet n’a pas, à ses yeux, une valeur essentielle, son aspect daté et son inscription historique prennent part au contenu de l’œuvre. Le passage du Casio au Sony a, pour l’artiste, été acceptable parce que les caractéristiques conceptuelles de l’objet étaient maintenues. Les aspects esthétiques situaient l’œuvre dans une période historique assez similaire.

 

Des activités de conservation préventive adéquates ont été définies par le restaurateur (maintenance de l’équipement et entreposage).


À plus long terme, le restaurateur a choisi, en fonction des précisions fournies par l’artiste lors de l’entrevue, les solutions pour pallier l’éventuelle dégradation du Casio qui sert aujourd’hui à la mise en vue. Pour l’artiste, recourir à un écran de diffusion récent est inacceptable; à long terme, prévoir entreposer des modèles identiques ou similaires au Sony ou au Casio est donc indispensable. Des recherches sur le marché de l’usager ont permis d’identifier des modèles de rechange. Ainsi, il est envisagé d’acquérir deux appareils Sony et un Casio. À plus long terme, des stratégies d’émulation pourraient être étudiées : il serait possible d’intégrer un écran récent dans le boitier de l’appareil d’origine quand les équipements de remplacement ne seraient plus fonctionnels.

 

Deuxième problème : la préservation de la vidéo

Comme pour toute œuvre incluant la vidéo, un défi réside dans la préservation à long terme du contenu sur des supports qui assureront sa lisibilité et son intégrité. Lors de l’entretien, la question de l’intégrité de l’image a été discutée. La facture de l’image, ici limitée avec la technologie du support utilisé par rapport à des supports plus récents, est importante pour l’artiste, parce qu’elle inscrit l’œuvre dans une période historique. Ainsi, une restauration éventuelle de l’image doit absolument être rejetée.