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Fiche de veille (Événement) :

Exposition Enthusiasm: La propriété vs la conservation - analyse inspirée de l'oeuvre de Neil Cummings et Marysia Lewandowska (Montréal, Canada, 9 février - 1 avril 2007)

Titre de l'événement
Enthusiasm, Films of Love, Longing and Labour
Date de début
09.02.07
Date de fin
01.04.07
Lieu de l'événement
Centre des arts Saydie Bronfman Centre for the Arts
Type d'événement
Exposition
Mode de participation
Analyse
Thématique
2- Documentation des arts médiatiques

Veilleur : Dominique Boileau

L'exposition Enthusiasm ; films of love, longing and labour présente le travail de Neil Cummings et Marysia Lewandowska. Les deux artistes s'interrogent sur les possibilités des nouvelles pratiques artistiques en lien avec les institutions culturelles qui définissent, diffusent et font la promotion de l'art. La matière de cette exposition provient de la constitution, par Cummings et Lewandoska, d'un fond d'archives de films produits par le mouvement de films amateurs polonais de l'époque socialiste, entre les années 1950 et 1980. Ils s'intéressent notamment au collectionnement et à l'archivage comme étant des éléments caractéristiques de notre culture contemporaine. Ces notions sous-tendent entre autres les enjeux de la conservation et de la documentation.

Les films réunis par ces deux artistes ont donc été restaurés et numérisés afin de les rendre accessibles. Dans le but de les retourner à ceux qui les ont créés, ils ont offert ce qu'ils avaient alors réalisé aux archives de l'état polonais, qui exige maintenant des droits de reproduction et des droits de consultation. En dépit de cette situation, Cummings et Lewandowska ont créé un fond d'archives critique de films amateurs enregistré sous licence Creative Commons. Tel l'Open source pour le développement des logiciels, la licence Creative Commons rend l'accès gratuit aux archives en plus de permettre leur utilisation libre. Le site www.archives.org donne un accès direct à leurs travaux. En fait, le véritable intérêt de ces artistes repose sur la désignation de l'oeuvre d'art comme telle. Ils percoivent le monde comme un vaste ready-made et agissent, par conséquent, comme des facilitateurs à de liens et de situations. (Source : From Enthusiasm to the Creative Commons :An e-mail exchange between Anthony Spira, Neil Cummings and Marysia Lewandowska, dans Enthusiasm (catalogue), Whitechapel Art Gallery (Londres), KW Institute for Contemporary Art (Berlin), Fundacio Antoni Tapies (Barcelone), 2005, p.23) En ce sens, les archives qu'ils ont développées se présentent comme la création d'un nouveau potentiel accessible à tous. Ainsi, la logique même de l'archive se défait de quelques impératifs de présentation ou d'interprétation. Elle présente donc une certaine potentialité créative parce que son sens reste ouvert.

La question de la propriété intellectuelle se pose alors puisque l'archive numérique sous-tend cette notion d'accessibilité. Une confiance au potentiel du net a mené et mène encore des gens à la libération de leurs droits. Le monde numérique porte cette tendance. Dans le domaine informatique, il y a nombre de ressources gratuites comme des archives, des logiciels, des encyclopédies, etc. Souvent, elles se développent par l'intervention des usagers, tous peuvent y contribuer. Les préoccupations de ceux qui cèdent leurs droits et qui rendent accessibles leurs réalisations ne sont pas nécessairement reliées à la conservation. Elles sont plutôt reliées à un désir de partage de certaines données dans un but créatif. La licence Creative Commons permet la libération de certains droits et favorise ainsi la création d'une communauté de créateurs et d'utilisateurs. En fait, cette licence offre une alternative par rapport au fait que les données numériques sont régulièrement l'objet de plagiat. Diverses licences ouvertes aux combinaisons sont disponibles. Les licences Attribution, NonCommercial, NonDerivative et ShareAlike permettent la cession des droits de reproduction ou d'utilisation sous certaines conditions. Le principe est de céder certains droits du copyright, qui n'aline en aucun cas le droit moral.

Ce même concept ou système ne pourrait-il pas très utile pour les oeuvres d'art numériques ? Il serait alors envisageable de voir la cession de certains droits comme un élément clé du processus de la documentation et de la conservation, d'une manière évidemment plus ou moins conventionnelle. Effectivement, bien qu'au départ appliqué aux archives devenues oeuvres par l'intervention des artistes, la notion de la libération des droits et la diffusion qui s'ensuit pourrait être vue comme une nouvelle façon d'aborder la conservation et la documentation. Plusieurs productions artistiques tant images, vidéos que logiciels s'extraient, en quelque sorte, du marché lorsque les artistes choisissent de libérer leurs droits. Les préoccupations vont au-delà de la question économique. Les notions de la reconnaissance et de la survivance de l'oeuvre priment alors sur toutes autres considérations. D'ailleurs, nous pouvons supposer que lorsque tous les droits sont réservés, l'oeuvre peut être susceptible de s'aliéner. La survivance n'est-elle pas en quelque sorte la conservation ? Pour tout document numérique, pourrions-nous considérer l'accessibilité à la consultation et l'usage comme une possibilité d'(auto)-émulation progressive de sorte que l'oeuvre puisse survivre à l'obsolescence des programmes, (des matériaux virtuels?) avec lesquels elle a été connue, les usagers la rendant accessible/opérable à travers leurs interventions? Nous pourrions considérer cette idée comme de la libre conservation ; s'opérerait alors une transfiguration pour la survivance de l'oeuvre.

Dans le cas de Creative Commons, tous les objets sont codés en RDF : Resource Description Framework, un graphe qui permet une certaine interopérabilité, les outils sont constitués afin que le WEB sémantique puisse aisément traiter l'information. Il y a une volonté d'utiliser le WEB comme espace d'archivage qui s'auto-structure et qui ne centralise pas l'information. Pourrions-nous envisager une oeuvre qui s'auto-documente ?

Cela pourrait ouvrir sur une nouvelle forme de reconnaissance, un nouveau statut pour l'oeuvre en tant que telle. Avec la complexité technologique grandissante des oeuvres, cela pourrait être une voie envisageable. Cela remettrait notamment le rôle de conservation du musée en perspective. Il faudrait accepter une certaine perte de patrimoine. De la même manière, on peut se questionner sur la durée de vie d'une oeuvre. Les oeuvres numériques de par leur nature, c'est-à-dire par le changement rapide des technologies, des programmes, des logiciels, etc., sont vulnérables à la marche du temps.

Le statut de l'artiste change et la notion d'intégrité de l'oeuvre change. Conséquemment, une conservation créative des oeuvres ou des documents numériques pourrait être instaurée. Le questionnement demeure : Est-il envisageable, comme les artistes de l'exposition Enthusiasm le tentent de la démontrer, d'assurer l'accessibilité et la survie/pérennité des oeuvres et des documents numériques (net art, logiciels, images, etc.) d'une toute autre manière ? Au-delà des technologies, devrons-nous aussi changer certaines notions concernant les questions de propriété intellectuelle et même aller jusqu'à entrevoir la création dans un esprit plus communautaire afin de faciliter la conservation du patrimoine des arts médiatiques ?

Liens :

http://www.enthusiastsarchive.net/
Enthusiasts Archive
[En ligne] (Page consultée le 9 avril 2007)

http://wiki.creativecommons.org/FAQ
Creative Commons. Frequently Asked Questions
[En ligne] (Page consultée le 18 mars 2007)

http://www.creativecommons.org
Creative Commons
[En ligne] (Page consultée le 18 mars 2007)

Enthusiasm: Neil Cummings and Marysia Lewandowska, 09.02.07 à 01.04.07. Document réalisé pour l"exposition Enthusiasm; films of love, longing and labour présenté à la Galerie Liane and Danny Taran du Centre des arts Saydie Bronfman Centre for the Arts du 09/02/07 au 01/04/07.

From Enthusiasm to the Creative Commons : An e-mail exchange between Anthony Spira, Neil Cummings and Marysia Lewandowska, dans Enthusiasm (catalogue), Whitechapel Art Gallery (Londres), KW Institute for Contemporary Art (Berlin), Fundacio Antoni Tàpies (Barcelone), 2005, p.23


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